Article original
L’activité physique, un facteur protecteur cardiovasculaire et métabolique chez les patients porteurs d’une insuffisance rénale terminaleExercise as a protective cardiovascular and metabolic factor in end stage renal disease patients

https://doi.org/10.1016/j.nephro.2017.01.027Get rights and content

Résumé

Objectifs

Le but de cette étude est de tester l’efficacité de l’activité physique (AP) durant l’hémodialyse comme traitement protecteur des pathologies cardiovasculaires (CV).

Méthode

Quatre-vingt patients volontaires ont été inclus dans cette étude prospective multicentrique et suivis durant deux ans, soit 40 patients dans le groupe exercice (EX) et 40 patients dans le groupe témoin. Au cours du suivi, neuf patients sont sortis de l’étude dans le groupe EX et cinq dans le groupe témoin. Différents paramètres ont été mesurés : le cholestérol total, le HDL-cholestérol (HDL-c), le LDL-cholestérol (LDL-c), les triglycérides (TG), l’hémoglobine (Hb), la préalbumine, l’albumine, la PTH, à M0 et M24. Le nombre de traitements antihypertenseurs et les doses d’érythropoïétine (EPO) sont relevés en début et fin d’étude. Nous avons également répertorié dans chaque groupe le nombre d’hospitalisations pour toute pathologie CV.

Résultats

Nous avons observé une diminution significative du cholestérol total dans le groupe EX : 1,86 ± 0,49 g/L à M0 versus 1,64 ± 0,38 g/L à M24 (p < 0,05). HDL-c et LDL-c restent stables dans les deux groupes. Les TG diminuent de façon significative dans le groupe EX : 1,76 ± 0,89 g/L vs 1,44 ± 0,69 g/L (p < 0,05). Le nombre de traitements antihypertenseurs par patient diminue de façon significative (p < 0,05) dans le groupe EX entre M0 et M24 (1,61 ± 1,28 à M0 vs 0,74 ± 0,85 à M24). Les patients EX sont moins hospitalisés pour motifs cardiovasculaires : cinq séjours hospitaliers versus 14 pour le groupe témoin.

Conclusion

Cette étude démontre qu’un programme d’exercice aérobie de pédalage intradialytique induit des effets bénéfiques sur la protection métabolique et cardiovasculaire chez les patients insuffisants rénaux chroniques hémodialysés. Nous avons observé une diminution du nombre d’événements CV dans notre population durant le suivi de deux ans.

Abstract

Objective

The aim of the study was to test the effectiveness of Physical Activity (PA) during haemodialysis as a protective treatment against cardiovascular (CV) diseases.

Methods

Eighty volunteer patients were included in this multicentric prospective study and followed for two years: 40 patients in the Exercise group (EX), 40 patients in the Control group (Ctrl). CV risk factors: Total Cholesterol, HDL Cholesterol (HDL-c), LDL cholesterol (LDL-c), Triglycerides (TG) and Hemoglobin (Hb), and Prealbumin, Albumin, Parathormon, 25-OH Vitamin D, were checked at Month 0 (M0) and Month 24 (M24). The number of antihypertensive treatments and the Erythropoietin Stimulating Agent (ESA) required doses were collected. We noted for each group during the follow-up the number of hospitalizations for CV reasons. After two years, we compared 31 patients in EX and 35 in Ctrl.

Results

We observed a significant decrease of total cholesterol EX group: 1.86 ± 0.49 g/L at M0 versus 1.64 ± 0.38 g/L at M24 (P < 0.05). HDLc and but LDL-c remained stable in both groups. TG decreased significantly in EX: 1.76 ± 0.89 g/L vs 1.44 ± 0.69 g/L (P < 0.05). The number of antihypertensive drugs per patient decreased significantly (P < 0.05) in the EX group between M0 and M24 (1.61 ± 1.28 at M0 and 0.74 ± 0.85 at M24). The EX patients were three times less frequently hospitalized for cardiovascular reasons. There were five hospital stays versus 14 for the Ctrl group.

Conclusion

Our study demonstrates that an intradialytic aerobic cycling training program promotes beneficial effects on cardiovascular protection. Physical activity reduced the number of CV events in our population during two years follow-up.

Introduction

Les pathologies cardiovasculaires (CV), l’insuffisance rénale chronique (IRC) et le diabète sont les principales causes de décès dans le monde [1]. Entre 1990 et 2010, le nombre total de décès dus aux pathologies CV a augmenté de près de 25 %, alors que les décès dus à l’IRC et au diabète ont doublé [2]. Les patients porteurs d’une IRC sont à haut risque de pathologies CV, qui sont leurs causes principales de décès [4], [5]. L’IRC peut être secondaire à une hypertension artérielle (HTA), à un diabète ou autre. Bien que la prévalence des facteurs de risque traditionnels cardiovasculaires soit élevée (HTA, diabète, HDL bas…) chez les patients IRC, d’autres facteurs de risque « non traditionnels » CV ont été identifiés : stress oxydant (SO) augmenté, inflammation, facteurs prothrombotiques, cachexie, malnutrition [3], [6], [7], [8], [9], [10], [11]. En effet, plusieurs pathologies co-morbides peuvent apparaître et créer un cercle vicieux conduisant graduellement à une activité qui, à son tour, réduit les capacités physiques et augmente la mortalité [12].

Afin de réduire la progression de l’IRC et les désordres associés, plusieurs stratégies sont disponibles. Dans les pathologies chroniques, telles que le surpoids, le diabète, l’obésité, il existe des preuves des effets bénéfiques de l’activité physique (AP) [13]. Dans l’IRC, selon une méta-analyse de 2011, 1863 patients ont été inclus dans 45 études interventionnelles [14]. Beaucoup d’études ont été publiées depuis, la plupart d’entre elles démontrant que l’AP améliore le fonctionnement physique et la qualité de vie [15], [18]. Johansen et al. [16] suggèrent que les recommandations établies pour les sujets âgés (65 ans et plus) et les adultes de 50 à 64 ans atteints d’une pathologie chronique avec ou sans limitation physique, publiées par l’American College of Sport Medicine et l’American Heart Association [17], devraient être appliquées aux patients avec IRC. Beaucoup d’études ont prouvé l’efficacité de l’AP chez les patients en IRC en termes de protection cardiovasculaire : contrôle de l’HTA, diminution des lésions vasculaires, amélioration de la VO2max [17], [18], [19], [20], [21]. L’AP joue également un rôle protecteur contre les facteurs de risque tels que l’inflammation [24] et le stress oxydant [25], [26]. L’efficacité de l’AP pratiquée régulièrement chez les patients porteurs d’une IRC améliore leur pronostic [9], [27], [28]. La question est : comment intégrer l’AP dans les soins habituels des patients en IRC terminale [9], [28], [29] ?

Dans une étude randomisée, publiée en 2015, après 3 mois d’exercice per-dialytique, nous avons montré l’amélioration du profil lipidique ainsi que la réduction de pro-oxydants, les isoprostanes [26].

Après 6 mois d’exercice per-dialytique régulier dans notre population suivie à AURA, le profil lipidique s’améliore, le nombre de traitements antihypertenseurs diminue (résultats non publiés).

Le but de cette étude était de tester si cette tendance à l’amélioration des facteurs de risque cardiovasculaire des patients pratiquant un exercice régulier per-dialytique après deux ans de suivi se confirmait.

Section snippets

Matériel et méthode

Cette étude prospective, multicentrique, a été conduite entre avril 2014 et avril 2016 en région Auvergne. Quatre-vingt patients hémodialysés dans toutes les unités auvergnates ont été volontairement inclus : 40 patients dans le groupe exercice (EX) appariés a posteriori (âge, diabète, ancienneté en dialyse) avec 40 patients (groupe témoin). Les patients inclus dans le groupe EX ont suivi un entraînement d’exercice aérobie intradialytique durant 24 mois, consistant en une activité de pédalage

Discussion

Depuis 2012, nous avons mis en place un programme d’activité physique pour les patients hémodialysés dans toutes les unités de dialyse auvergnates. Le programme est accessible à tous les patients (450) sous réserve de l’accord de leur néphrologue traitant. À présent, environ 150 patients sont suivis par notre éducateur en activité physique adaptée. Les patients qui pratiquent une AP deux à trois fois par semaine ont une évolution clinique favorable.

Notre étude montre qu’un programme de pédalage

Conclusion

L’objectif principal de la gestion du traitement des patients en IRC (incluant les patients dialysés) est de ralentir la progression de la maladie [29] et de prévenir les complications CV [36], [37], [38]. Notre étude démontre qu’un programme d’entraînement per-dialytique induit des effets bénéfiques sur la protection CV des patients HD, avec des effets bénéfiques sur les plans nutritionnel et osseux. Le pédalage perdialytique représente une stratégie efficace et facile pour réduire les

Déclaration de liens d’intérêts

Dr Isnard-Rouchon Myriam: Laboratoires Roche, Hemotech, Nipro, Braun, Fresenius. C.Coutard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références (44)

  • B.S. Cheema et al.

    A rational for intradialytic exercise training as standard clinical practice in ESRD

    Am J Kidney Dis

    (2005)
  • A.M. O’Hare et al.

    Decreased survival among sedentary patients undergoing dialysis: results from the Dialysis morbidity and mortality study wave 2

    Am J Kidney Dis

    (2003)
  • S. Frey et al.

    Visceral protein status and caloric intake in exercising versus non-exercising individuals with end-stage renal disease

    J Ren Nutr

    (1999)
  • G. Danaei et al.

    Cardiovascular disease, chronic kidney disease, and diabetes mortality burden of cardiometabolic risk factors from 1980 to 2010: a comparative risk assessment

    Lancet Diabetes Endocrinol

    (2014)
  • I. Brenner

    Exercise performance by hemodialysis patients: a review of the literature

    Phys Sports Med

    (2009)
  • J.L. Chen et al.

    Effect of intra-dialytic, low-intensity strength training on functional capacity in adult haemodialysis patients: a randomized pilot study

    Nephrol Dial Transplant

    (2010)
  • E. Kouidi et al.

    Outcomes of long-term exercise training in dialysis patients: comparison of two training programs

    Clin Nephrol

    (2004)
  • A.E. Daul et al.

    Exercise during hemodialysis

    Clin Nephrol

    (2004)
  • F. Tentori

    Focus on: physical exercise in hemodialysis patients

    J Nephrol

    (2008)
  • Cheema BS1 et al.

    A rationale for intradialytic exercise training as standard clinical practice in ESRD

    Am J Kidney Dis

    (2005)
  • P. Apor

    Rehabilitation training program for end-stage renal disease patients

    Orv Hetil

    (2007)
  • P. Painter

    Physical functioning in end-stage renal disease patients

    Hemodial Int

    (2005)
  • Cited by (0)

    View full text