Article originalL’activité physique, un facteur protecteur cardiovasculaire et métabolique chez les patients porteurs d’une insuffisance rénale terminaleExercise as a protective cardiovascular and metabolic factor in end stage renal disease patients
Introduction
Les pathologies cardiovasculaires (CV), l’insuffisance rénale chronique (IRC) et le diabète sont les principales causes de décès dans le monde [1]. Entre 1990 et 2010, le nombre total de décès dus aux pathologies CV a augmenté de près de 25 %, alors que les décès dus à l’IRC et au diabète ont doublé [2]. Les patients porteurs d’une IRC sont à haut risque de pathologies CV, qui sont leurs causes principales de décès [4], [5]. L’IRC peut être secondaire à une hypertension artérielle (HTA), à un diabète ou autre. Bien que la prévalence des facteurs de risque traditionnels cardiovasculaires soit élevée (HTA, diabète, HDL bas…) chez les patients IRC, d’autres facteurs de risque « non traditionnels » CV ont été identifiés : stress oxydant (SO) augmenté, inflammation, facteurs prothrombotiques, cachexie, malnutrition [3], [6], [7], [8], [9], [10], [11]. En effet, plusieurs pathologies co-morbides peuvent apparaître et créer un cercle vicieux conduisant graduellement à une activité qui, à son tour, réduit les capacités physiques et augmente la mortalité [12].
Afin de réduire la progression de l’IRC et les désordres associés, plusieurs stratégies sont disponibles. Dans les pathologies chroniques, telles que le surpoids, le diabète, l’obésité, il existe des preuves des effets bénéfiques de l’activité physique (AP) [13]. Dans l’IRC, selon une méta-analyse de 2011, 1863 patients ont été inclus dans 45 études interventionnelles [14]. Beaucoup d’études ont été publiées depuis, la plupart d’entre elles démontrant que l’AP améliore le fonctionnement physique et la qualité de vie [15], [18]. Johansen et al. [16] suggèrent que les recommandations établies pour les sujets âgés (65 ans et plus) et les adultes de 50 à 64 ans atteints d’une pathologie chronique avec ou sans limitation physique, publiées par l’American College of Sport Medicine et l’American Heart Association [17], devraient être appliquées aux patients avec IRC. Beaucoup d’études ont prouvé l’efficacité de l’AP chez les patients en IRC en termes de protection cardiovasculaire : contrôle de l’HTA, diminution des lésions vasculaires, amélioration de la VO2max [17], [18], [19], [20], [21]. L’AP joue également un rôle protecteur contre les facteurs de risque tels que l’inflammation [24] et le stress oxydant [25], [26]. L’efficacité de l’AP pratiquée régulièrement chez les patients porteurs d’une IRC améliore leur pronostic [9], [27], [28]. La question est : comment intégrer l’AP dans les soins habituels des patients en IRC terminale [9], [28], [29] ?
Dans une étude randomisée, publiée en 2015, après 3 mois d’exercice per-dialytique, nous avons montré l’amélioration du profil lipidique ainsi que la réduction de pro-oxydants, les isoprostanes [26].
Après 6 mois d’exercice per-dialytique régulier dans notre population suivie à AURA, le profil lipidique s’améliore, le nombre de traitements antihypertenseurs diminue (résultats non publiés).
Le but de cette étude était de tester si cette tendance à l’amélioration des facteurs de risque cardiovasculaire des patients pratiquant un exercice régulier per-dialytique après deux ans de suivi se confirmait.
Section snippets
Matériel et méthode
Cette étude prospective, multicentrique, a été conduite entre avril 2014 et avril 2016 en région Auvergne. Quatre-vingt patients hémodialysés dans toutes les unités auvergnates ont été volontairement inclus : 40 patients dans le groupe exercice (EX) appariés a posteriori (âge, diabète, ancienneté en dialyse) avec 40 patients (groupe témoin). Les patients inclus dans le groupe EX ont suivi un entraînement d’exercice aérobie intradialytique durant 24 mois, consistant en une activité de pédalage
Discussion
Depuis 2012, nous avons mis en place un programme d’activité physique pour les patients hémodialysés dans toutes les unités de dialyse auvergnates. Le programme est accessible à tous les patients (450) sous réserve de l’accord de leur néphrologue traitant. À présent, environ 150 patients sont suivis par notre éducateur en activité physique adaptée. Les patients qui pratiquent une AP deux à trois fois par semaine ont une évolution clinique favorable.
Notre étude montre qu’un programme de pédalage
Conclusion
L’objectif principal de la gestion du traitement des patients en IRC (incluant les patients dialysés) est de ralentir la progression de la maladie [29] et de prévenir les complications CV [36], [37], [38]. Notre étude démontre qu’un programme d’entraînement per-dialytique induit des effets bénéfiques sur la protection CV des patients HD, avec des effets bénéfiques sur les plans nutritionnel et osseux. Le pédalage perdialytique représente une stratégie efficace et facile pour réduire les
Déclaration de liens d’intérêts
Dr Isnard-Rouchon Myriam: Laboratoires Roche, Hemotech, Nipro, Braun, Fresenius. C.Coutard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références (44)
- et al.
Global and regional mortality from 235 causes of death for 20 age groups in 1990 and 2010: a systematic analysis for the Global Burden of Disease study 2010
Lancet
(2012) - et al.
Premature cardiovascular disease in chronic renal failure
Lancet
(2000) The elephant in uremia: oxidant stress as unifying concept of cardiovascular disease in uremia
Kidney Int
(2002)Resistance training improves strength and functional measures in patients with end-stage renal disease
Am J Kidney Dis
(2002)- et al.
Association of physical activity with mortality in the US dialysis population
M J Kidney Dis
(2005) - et al.
Exercise during hemodialysis decreases the use of antihypertensive medications
Am J Kidney Dis
(2002) La variabilité de l’hémoglobine chez le patient dialysé
Nephrol Ther
(2008)- et al.
Cardiac effects of exercise rehabilitation in hemodialysis patients
Int J Cardiol
(1999) - et al.
Progression, remission, regression of chronic renal diseases
Lancet
(2001) - et al.
Renal rehabilitation: obstacles, progress, and prospects for the future
Am J Kidney Dis
(2000)